Ce matin, à la radio (le 7 avril 2020 sur La Première de la rtbf), j’entendais un psychologue qui parlait du besoin des rites pour les humains confrontés à la mort.
Par ces rites disait-il, les humains s’adressent à la mort : « Mort, tu es là, mais nous sommes plus forts que toi, tu n’as pas détruit en nous la vie ».
Lors d’un décès, il y a tous les rites des manifestations d’amitié, de condoléances, de paroles échangées et aussi prononcées lors de la célébration, et ensuite le partage autour d’un sandwich où il y a les sourires et même parfois le rire. Toutes sont des manifestations de vie malgré la mort. Et quand tout cela manque, comme dans les circonstances actuelles, ça fait mal.
Aujourd’hui, confrontés à cette situation d’épidémies et de morts, les humains inventent de nouveaux rites: les applaudissements à 20h, les apéros par internet, l’humour dont le coronavirus est le sujet…
Des rites qui veulent signifier « Mort, tu n’as pas le dernier mot ».
(J’espère ne pas trop déformer les dires de ce psychologue dont je ne me rappelle plus le nom).
Il faisait aussi allusion au rite de « l’Angelus ». Chaque midi, la cloche sonne au clocher de l’église, rappelant ce rite ancien de l’Angelus. Auparavant, quand le village entendait cette sonnerie, tout le monde arrêtait ses occupations pendant quelques minutes et se rappelait l’annonce de l’ange (« angelus » en latin) dans l’Evangile de Luc (1,26-38) : L’ange annonce à Marie qu’elle va mettre un enfant au monde. Cette sonnerie est ainsi une annonce quotidienne de la Vie qui vient, envers et contre tout. C’est aussi une invitation à répondre à cette annonce malgré… malgré la dureté parfois de l’existence, malgré ce qui s’oppose à la vie, malgré la mort. Toute l’existence est parsemée de ces « malgré ».
Désormais, je n’entendrai plus la sonnerie de midi à notre clocher de la même façon…
Jean-François
« L’Angelus » peint par Jean-François Millet en 1859.